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Mercredi 27 mai 2015, le PETR Pays de la Vallée de Montluçon et du Cher organisait la deuxième réunion du Laboratoire des Usages Numériques, faisant suite à la réunion de lancement du Laboratoire qui avait eu lieu en septembre 2014 à Marcillat-en-Combraille.
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our cette deuxième réunion, exclusivement consacrée à la thématique e-Santé, les participants ont été accueillis par Monsieur Christian CHITO, Vice-Président du PETR délégué aux usages numériques et Vice-Président du Conseil départemental de l’Allier, à l’EHPAD « Le Chant des Rivières » à Chambon-sur-Voueize (département de la Creuse). En effet, lors de la première réunion du mois de septembre, cet établissement avait été identifié comme l’une des possibles destinations pour une visite d’expérience concernant le diagnostic à distance. La direction de l’établissement a accepté de recevoir les participants au Laboratoire et de leur faire une démonstration pour apporter de la matière à leur réflexion sur la télémédecine. C’est donc avec l’accord de la direction de l’établissement et avec l’aval de Madame le Maire que le PETR a décidé d’organiser cette réunion à Chambon-sur-Voueize.
Cette réunion fut par ailleurs le cadre d’une présentation des travaux de recherche de deux doctorants de l’IUT de Montluçon travaillant tous deux sur des thématiques en lien avec l’amélioration de la coordination de la Santé sur le territoire.
Les usages numériques au service de l’amélioration des services de santé
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mes NORRE et RODIER ont présenté au groupe de personnes-ressources participant au laboratoire e-Santé les travaux de recherche de deux doctorants de l’IUT de Montluçon (Fabrice GAYRAUD et Benjamin DALMAS). Les sujets abordés dans leurs recherches sont « le parcours de soins de la personne âgée » et « la planification des tournées dans le cadre des SSIAD (services de soins infirmiers à domicile) et les HAD (hospitalisation à domicile) ».
Le côté innovant de ces recherches tient au fait d’utiliser des outils informatiques et des méthodes habituellement utilisés en logistique dans le cadre de la gestion des flux. Les étapes en sont la modélisation, l’évaluation des performances et l’optimisation des systèmes. En effet, Fabrice GAYRAUD et Benjamin DALMAS effectuent tous les deux leurs recherches au sein du pôle Logistique de l’IUT de Montluçon. Leur idée est de rationnaliser tant le parcours de santé des habitants du territoire que l’organisation des services de santé en appliquant les mêmes méthodes que pour la planification de flux de marchandises.
Ainsi, comme le montrent les recherches de Fabrice GAYRAUD, il devient possible, en utilisant ces méthodes, de dégager des modèles permettant de gérer avec efficacité les différents services implantés sur un territoire, de rationnaliser leur répartition, d’optimiser les temps de déplacements des personnels soignants et de prévenir le risque de carence du service lié au facteur humain. Il est également possible de modéliser le territoire pour trouver le lieu le plus pertinent pour implanter une nouvelle activité de soins à domicile. Une fois la période de modélisation terminée, il est également possible de créer des simulations de fonctionnement qui permettent de tester les différentes hypothèses d’organisation ou de répartition.
Il en va de même pour la rationalisation du parcours de soins des personnes âgées (thème étudié par Benjamin DALMAS). En effet, Monsieur DALMAS (qui commence son travail de recherche sur cette thématique) espère pouvoir trouver et proposer une méthode de rationalisation de la prise en charge des personnes âgées dans leur parcours de soins.
La difficulté majeure de la coordination de santé relève en effet de la multiplicité des acteurs présents sur le territoire. Cette méthode pourrait donc permettre d’organiser ces services de manière plus efficace de manière à améliorer la couverture du territoire tout en facilitant le travail des agents concernés. Ces travaux représentent donc un intérêt majeur pour le PETR qui travaille sur ces problématiques de coordination de santé en lien avec le CLIC et divers acteurs du territoire.
Le télédiagnostic
A près cet exposé des travaux de recherche de l’IUT, les participants au Laboratoire ont pu assister à une démonstration de diagnostic à distance. Au-delà d’une simple visite des locaux réservés à cette activité, rendez-vous avait été pris avec le Docteur Antoniotti (dermatologue au centre hospitalier de Montluçon) pour une simulation de diagnostic à distance. En effet, depuis la mise en place des téléconsultations à l’EHPAD de Chambon-sur-Voueize, les personnels soignants de l’établissement ont travaillé de concert avec des médecins de l’hôpital de Montluçon et de l’hôpital de Moulins pour se former à l’utilisation de ce matériel dont les avantages sont multiples.
Le premier avantage réside évidemment dans la possibilité de consulter un médecin sans se déplacer. Cela représente non seulement une économie de temps, mais évite également d’ajouter un transport pénible et une attente parfois longue au traumatisme de la personne âgée.
Sur une échelle moins personnelle, cela permet aussi le désengorgement des hôpitaux et des services d’urgence (car l’EHPAD a déjà pu faire à plusieurs reprises l’expérience des consultations en urgence), ainsi que des services de transports sanitaires.
Interrogés par les participants à la réunion sur les craintes éventuelles des patients âgés face à cette nouvelle technologie et à l’absence physique du médecin, les personnels soignant qui assurent les téléconsultations ont affirmé que cela ne posait généralement pas de problème. En effet, contrairement à l’idée préconçue, il semblerait que les résidents de l’EHPAD se soient rapidement habitués à communiquer avec leurs médecins par visioconférence et que la présence lors de la consultation des aides-soignantes qu’ils côtoient au quotidien soit même une valeur ajoutée. Celles-ci ont en effet une vraie connaissance de la situation de chaque patient et peuvent donc préciser certaines réponses qui permettent dans certains cas au médecin consulté de poser un meilleur diagnostic.
La démonstration
U ne fois tous les participants réunis dans la salle de téléconsultation, la démonstration peut commencer. De prime abord, la salle ressemble à une simple chambre, équipée d’un lit sur lequel le patient peut s’allonger. Dans un coin de la pièce se trouve le chariot de téléconsultation dont les personnels soignant présentent les différents composants : un écran tactile équipé d’une webcam contrôlable à distance (que le médecin peut orienter comme il le souhaite depuis son interface afin d’examiner le patient comme s’il était présent dans la pièce) et d’un micro haute définition. Grâce à ces outils, les médecins, personnels soignant de l’EHPAD et patients peuvent échanger comme s’ils se trouvaient dans une seule et même pièce.
De nombreux outils de mesure, spécialement conçus pour être reliés à l’interface, permettent au personnel soignant de l’EHPAD d’effectuer des relevés sous la direction du médecin (stéthoscope, pulsomètre, électrocardiogramme, microscope-caméra à lumière polarisée, etc…) qui reçoit les résultats en temps réels et peut décider de prendre des photos ou des enregistrements vidéo ou sonores qui sont automatiquement archivés dans le dossier du patient.
Comme l’explique le Docteur Antoniotti, qui rejoint le groupe par visioconférence à l’heure prévue, cela permet dans la majorité des cas de lever le doute sur une lésion cutanée (dans le cas de la dermatologie). Si le moindre doute persiste, il sera néanmoins nécessaire de programmer une rencontre physique entre le médecin et le patient afin de poser un diagnostique plus précis. Cela a tout de même le mérite d’éviter le déplacement du patient dans une majorité des cas.
Le Docteur Antoniotti qui, comme d’autres médecins du Centre hospitalier de Montluçon s’est formée à la téléconsultation en même temps que les personnels soignant de l’EHPAD, souligne l’appui précieux que ceux-ci représentent lors des consultations.
Après avoir échangé quelques instants avec le Docteur Antoniotti qui a présenté concrètement l’utilisation de la caméra à lumière polarisée (outil qu’elle utilise principalement en tant que dermatologue), c’est au concepteur du chariot de télémédecine que les participants à la réunion ont pu parler par visioconférence. Celui-ci leur a apporté de nombreuses précisions d’ordre technique sur le fonctionnement de l’outil et les contraintes qui relèvent, par exemple, de la bande passante qui peut, dans certains cas, limiter la qualité des échanges vidéo. Ce problème est résolu par la fonctionnalité permettant de prendre des photos en haute définition. En effet, si la qualité de la vidéo peut être limitée par la bande passante, les photos prises localement et envoyées au médecin ne subissent pas cette contrainte.
Pour mettre en perspective cette présentation du dispositif de télémédecine, la Directrice de l’EHPAD, Madame Dominique CAMUS PIMPAUD, a expliqué au groupe du Laboratoire e-Santé que l’une des évolutions possibles était la mise en place de créneaux hebdomadaires destinés à l’ouverture de la consultation à des patients externes (ne résidant pas à l’EHPAD) permettant ainsi de désenclaver les zones rurales vis-à-vis des services liés à la Santé.
Cette visite a suscité chez les participants une volonté de continuer leurs échanges et d’approfondir la réflexion engagée en lui donnant une dimension plus opérationnelle de manière à pouvoir alimenter l’action du groupe de travail thématisé « Projet social de territoire » qui va être mis en place au sein du PETR.